Discours pour le départ de Carine

Si je ne devais garder qu’une seule image de Carine, si je ne devais employer qu’un seul mot pour décrire Carine, ce serait : « fraîcheur ». On peut l’associer avec « nature » ou « naturel ». Ce n’est pas exactement la même chose. Elle est « nature » dans le sens qu’elle fait les choses ou dit les choses comme elles lui viennent, sans censure, sans les parer d’atours inutiles, sans poser. Mais la qualité rare que je veux retenir, c’est celle de la fraîcheur. C’est cette capacité à faire souffler un vent d’air frais sur nos vieilles idées, sur nos certitudes petites-bourgeoises. Cela a à voir avec la fraîcheur des filles de 20 ans qui nous bousculent par leur envie de vivre, ça a à voir avec l’idée que l’on se fait de la jeunesse, ça a à voir avec l’enthousiasme qui parfois nous manque, cette capacité d’émerveillement qu’on perd quand on est blasé.

Elle dit les choses comme elle pense, sans censure. Ca donne des perles mémorables : « j'aime bien les framboises avec des grains, ça se coince dans les dents et après ça occupe », « j'entends rien, je suis enrhumée », « Je croyais que c’était pour le réseau, alors j’ai fait suivre à ma sœur » et la célébrissime : « Quand j’ai mes lunettes, j’ai l’impression d’avoir plus de neurones ».

Là où c’est de la vraie fraîcheur et là où c’est une qualité rare, c’est qu’elle est la même dans toutes les situations, en petit groupe avec des amis, sur le plateau de l’IP, en Vie des Fonds, en Comité Produit. Ce sont ces histoires d’amours déballées sur le plateau, des coups de gueules, des prises de positions, des indignations, des grandes idées et des déclarations à l’emporte pièce. Quand Carine parlait, je notais. Ecoutez celle-là : « le iPod, c'est l'apogée de ce qui ne sert à rien. Dans un seul objet, on a mis tous ce qui sert à rien ». Ce sont des combats aussi. J’ai souvenir d’un Comité Produit mémorable, malheureusement en petit comité pour cause de congés, où elle défendait la baisse des frais de gestion des fonds horizons. Ce n’était pas le « j’accuse » de Zola, c’était des grands « je crois en ce produit ».

Bon, on ne peut pas être visionnaire à tous les coups. Et de toute façon, ce n’est pas ça qui compte. Sous-estimer l’intérêt de l’iPod, sur-estimer le potentiel d’une gamme de produits, ce n’est au final qu’anecdotique. L’essentiel, c’est de conserver son enthousiasme, son émerveillement et sa curiosité. Et c’est ce que tu es.

Le 18 décembre 2013